Zoom sur le système de santé luxembourgeois et ses projets

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Zoom sur le système de santé luxembourgeois et ses projets
Luxembourg
Illustration : canva

Avant notre prochaine publication sur le déroulement de la première édition de Healthcare week Luxembourg, il nous a paru intéressant de proposer ce dossier de synthèse (et non exhaustif !) sur l’organisation de l’offre hospitalière du Duché. Nous nous appuyons sur les publications officielles, datant de 2022, accessibles sur le site  https://sante.public.lu/, et sur l’ouvrage « Les défis pour un système de santé pérenne » édité par la  Fédération des Hôpitaux Luxembourgeois (FHL) pour les 75 ans de l’institution, distribué pendant la Healthcare Week Luxembourg. 

 

Des particularités luxembourgeoises

« Le Luxembourg présente la particularité d’être un pays multiculturel où le pourcentage des ressortissants d’origine étrangère avoisine celui des Luxembourgeois, une évolution dont la trajectoire se confirme sur arrière-fond d’une croissance démographique soutenue.

Avoir un médecin généraliste traitant dès qu’on arrive au Luxembourg est un point sur lequel l’attention est attirée. Véritable pierre angulaire du système luxembourgeois, la médecine générale est le point de départ d’un parcours de soins coordonné, continu et intégré.

Le système de la Sécurité sociale est financé par les cotisations des assurés et les contributions des pouvoirs publics. Les cotisations sont payées au Centre commun de la Sécurité sociale (CCSS)

Le système de santé luxembourgeois garantit un accès égal et universel à des soins de santé de qualité, dans le cadre d’un parcours de soins coordonné et articulé autour des besoins du patient, en garantissant la liberté de choix du patient et la liberté thérapeutique du prestataire."

"La couverture sociale des assurés garantit un taux élevé de couverture et de remboursement par la CNS, avec la part-patient la plus faible de l’OCDE. Ceci réduit naturellement le rôle des assurances complémentaires, qu’elles soient mutuelles ou privées. Les frais hospitaliers (hors honoraires médicaux) sont facturés directement à la CNS, l’assuré n’en connaît pas la valeur. La notion de « patient privé » n’existe donc pas.

Les médecins sont - dès leur autorisation d’exercer - automatiquement intégrés dans un conventionnement obligatoire et universel avec la CNS. Il n’y a pas au Luxembourg de pratique médiale privée (non conventionnée) à honoraires libres.

Le médecin hospitalier exerce soit sous forme d’un contrat salarié avec l’institution hospitalière (qui finance cette activité médicale salariée en la facturant à la CNS et en gérant au nom des médecins la « cagnotte » médicale), soit sous forme d’une activité libérale pour laquelle il facture ses prestations directement au patient. Les honoraires médicaux engendrés par l’activité réalisée en milieu hospitalier sont nets, le médecin hospitalier ne paye aucune contribution à l’hôpital."

Le patient bénéficie de nombreux droits qui sont codifiés dans la loi du 24 juillet 2014 sur les droits et obligations du patient, comme par ex. :

• le droit de choisir librement son prestataire de soins

• le droit à un accompagnateur

• le droit de désigner une personne de confiance

• le droit d’être informé sur son état de santé

• le droit de prendre une décision libre et éclairée

• le droit à un dossier patient tenu à jour.

Le patient qui estime que ses droits ne sont pas respectés ou qui souhaite se faire accompagner dans le cadre de démarches administratives en relation avec le domaine de la santé et de la sécurité sociale au Luxembourg, peut s’adresser au Service national d’information et de médiation en santé et / ou à la Patiente Vertriedung A.s.b.l .»

 

L’offre de soins

Outre les professionnels de santé, Il existe trois Maisons Médicales de garde offrant aux patients du Luxembourg une permanence médicale, mais qui ne sont pas des services d’urgence.

Le Duché est aussi pourvu de :

Six Établissements hospitaliers spécialisés en

  • Cardiologie interventionnelle et chirurgie cardiaque – INCCI – Institut National de Chirurgie Cardiaque et Cardiologie Interventionnelle
  • Radiothérapie – CFB – Centre National de Radiothérapie François Baclesse
  • Réhabilitation psychiatrique – CHNP – Centre Hospitalier Neuropsychiatrique
  • Rééducation fonctionnelle – R E H A Z E N T E R – Centre National de Rééducation Fonctionnelle et de Réadaptation
  • Rééducation gériatrique – HIS – Hôpital Intercommunal de Steinfort
  • Réhabilitation physique et post-oncologique – CRCC – Centre de Réhabilitation du Château de Colpach

1 Établissement d’accueil pour personnes en fin de vie : Haus Omega (Soins palliatifs)

1 Établissement de cures thermales : Centre Thermal de Mondorf

1 Centre de diagnostic dans le domaine de la génétique humaine et de l’anatomopatholgie  : Laboratoire national de santé (LNS)

 

L’offre hospitalière

Le Luxembourg compte actuellement 4 Centres hospitaliers : Ces quatre groupes hospitaliers offrent des services médicaux, chirurgicaux et d’accouchement.

enseignes du luxembourg

Région Nord : Centre Hospitalier du Nord (CHdN) : dispose d’un service d’urgence et d’un plateau technique complet ; a pour mission de prendre en charge principalement les citoyens du Nord du pays lors d’une hospitalisation, d’un passage à l’hôpital de jour ou en ambulatoire. Les soins de base de proximité sont assurés sur les deux sites, à Ettelbruck et à Wiltz.

Région Centre : Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL) : dispose d’un service d’urgence, de centres multidisciplinaires de soins et d’un plateau technique complet, intégrant la Kannerklinik pour l’accueil des enfants, la clinique d’Eich et la Maternité Grande-Duchesse Charlotte.

Région Centre : Hôpitaux Robert Schuman (HRS) : dispose d’un plateau technique complet et regroupe l’Hôpital Kirchberg, pour le traitement des urgences et les services médicaux pluridisciplinaires ; la Clinique Bohler maternité et centre mère-enfant ; la ZithaKlinik, hôpital pluridisciplinaire et la Clinique Sainte Marie, pour la gériatrie.

Région Sud : Centre Hospitalier Emile Mayrisch (CHEM) : dispose d’un service d'urgence, d’unités de soins intensifs et normaux, ainsi que d’un plateau technique complet. Ce centre verra bientôt ses 3 sites (Eschsur-Alzette, Dudelange service de rééducation gériatrique et soins de proximité et Niederkorn hôpital pluridisciplinaire) regroupés dans une nouvelle construction, le Südspidol."

 

Des nouvelles du projet Südspidol et autres investissements prévus

Cette dernière phrase nous a mené bien évidemment à nous interroger sur ce projet auquel Hospihub a consacré une publication en 2017 : Le Südspidol, un nouvel hôpital au sud du Luxembourg en 2022  

A la lecture d'un article - initialement publié par Annette Welsch sur le site du Luxemburger Wort - et adapté par Simon Martin, nous apprenons que le 12 juin 2023, la commission de contrôle du budget s’est penchée sur le financement des différents projets hospitaliers, dont la construction du nouveau Südspidol à Esch-sur-Alzette, qui devait initialement être achevée cette année.

L'auteur précise que "Les pelleteuses étaient déjà en marche. Puis il y a deux ans, en septembre 2021, l'architecte a été licencié et le contrat avec le groupe de planification qui devait suivre le projet a été résilié.

La procédure de sélection d'un nouveau groupe de planification est toujours en cours, ont maintenant appris les députés auprès de Paulette Lenert (LSAP), la ministre de la Santé.

Ci-dessous : plan et chantier arrêté du sudspidol : @Site web projet sudspidol

plans-sudspidol

chantier-sudspidol

« Ce n'est pas si facile de trouver des partenaires qui acceptent de reprendre un projet fini et de le mettre en œuvre », explique la présidente de la commission de contrôle budgétaire, Diane Adehm (CSV). « Nous n'avons pas été informés de la date à laquelle la construction pourrait se poursuivre ».

L'État participe à ce projet à hauteur de 433 millions d'euros, un peu plus de 44 millions ont déjà été dépensés. Une nouvelle estimation du budget nécessaire est toutefois prévue dans le courant de l'année prochaine. Le ministère de la Santé part du principe que la loi de financement adoptée en 2018 devra probablement être adaptée. Le cas échéant, seules des adaptations mineures devront être apportées au projet lui-même, en raison des progrès de la médecine."

 

Extensions et agrandissements

Cet article mentionne aussi les projets de « moindre » envergure abordés par la commission de contrôle du budget :

  • 19 millions d'euros pour l'agrandissement de l'unité nationale de psychiatrie juvénile du HRS au Kirchberg, qui est presque terminé ;
  • 33 millions pour l'extension d'un hôpital de jour ainsi que pour des chambres à un lit de la maternité G.D. Charlotte du CHL, le nouveau centre mère-enfant étant entre-temps presque terminé ;
  • 15 millions pour la modernisation et l'agrandissement du service des urgences et un deuxième scanner à l'Hôpital Nord CHdN.

 

Les projets de plus de 40 millions d'euros qui ont nécessité une loi de financement sont les suivants :

  • 55,6 millions pour le nouveau bâtiment et la rénovation de la ZithaKlinik, qui devraient être achevés début 2024 ;
  • 556 millions d'euros pour le nouveau bâtiment central du CHL, dont la phase de planification est en cours d'achèvement et qui devrait être prêt en février 2030.

 

Les projets à venir

Enfin, la commission de contrôle du budget a confirmé les projets à venir : 

  • la nouvelle clinique de rééducation au Centre Hospitalier Neuro-Psychiatrique (CHNP) à Ettelbruck, dont la construction devrait commencer en 2027 - l'Etat y investit 182 millions.
  • Pour les 40 lits de gériatrie qui doivent être construits dans le nouvel hôpital Intercommunal de Steinfort (HIS), 26 millions d'euros sont prévus par le ministère de la Santé, tandis que les 120 lits de soins y sont à la charge du ministère de la Famille. La nouvelle construction devrait débuter en 2025.
  • Plusieurs constructions sont également prévues au HRS du Kirchberg, dont une tour et des extensions de bâtiments existants. Jusqu'à présent, 2,8 millions d'euros ont été dépensés pour les études, et l'investissement total est estimé à 335 millions d'euros.
  • Pour 19 millions d'euros, l'annexe 2 du CHL sera surélevée de quatre étages en construction modulaire afin de pouvoir transférer la pédopsychiatrie.
  • Ensuite, la clinique pédiatrique pourra être modernisée pour 12 millions d'euros.

Comme on le sait, l'État prend en charge 80% des coûts des projets dans le secteur de la santé, la caisse de santé CNS en assume 20%." est-il précisé pour terminer.