Présentation et utilisation de la table opératoire

Date de publication

La connaissance du fonctionnement de la table opératoire relève de la gestion des risques au bloc opératoire. Elle est abordée et enseignée dans les écoles de formation à la spécialisation IBODE. Ce focus est proposé par Grégory Chakir, IBODE au CHU de Toulouse.

L’IBODE doit être formé(e) à l’utilisation et aux spécificités de la table opératoire présente dans le bloc dans lequel il-elle travaille. Il-elle doit en connaître la procédure et vérifier la présence du matériel de secours en cas de panne. Depuis janvier 2015, il-elle a l’exclusivité de compétence concernant l’installation en position chirurgicale du patient sur protocole si le chirurgien n’est pas présent en salle. La fonctionnalité de la table doit être vérifiée à chaque ouverture de salle, en début de programme opératoire et avant toute intervention chirurgicale. Elle fait l’objet d’une traçabilité rigoureuse et quotidienne.

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Crédit photo : G. Chakir

 

  • Généralités sur la table opératoire

La table opératoire est un dispositif incontournable et indispensable pour toute chirurgie. Il existe de nombreuses sociétés spécialisées dans la fabrication des tables opératoires et une grande diversité de celles-ci en fonction des spécialités chirurgicales. Elles ont en commun de posséder un chariot de transport, un plateau sur lequel repose le patient, un socle permettant la mobilité du plateau en peropératoire si nécessaire, des accessoires pour l’installation chirurgicale et le confort du patient et des commandes pour les utiliser pouvant être mécaniques, hydrauliques ou électriques. La fonctionnalité de la table doit être vérifiée à chaque ouverture de salle, en début de programme opératoire et avant toute intervention chirurgicale. Elle fait l’objet d’une traçabilité rigoureuse et quotidienne.

Il est important de connaître la charge maximale supportée par la table opératoire notamment en chirurgie bariatrique afin d’éviter toute chute éventuelle du patient ou problème en peropératoire. La plupart des tables sont conçues pour un poids pour un poids maximal à ne pas dépasser avec un risque de bascule de celles-ci ou d’endommagement des pièces mécaniques. Cette charge maximale doit prendre en compte la colonne de table, le plateau et ses segments montés dessus ainsi que le poids du patient. Il est impératif de se référer dans ce cas à la notice du constructeur. Le marquage CE (Communauté Européenne) est obligatoire sur ce dispositif médical classé selon la classification des dispositifs médicaux en rapport avec la directive 93/42/CCE. Nous allons aborder les différents éléments qui la composent.

 

  • La colonne du plateau opératoire

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Communément appelée socle ou pilier, peut être fixe et/ou mobile c'est-à-dire déplaçable dans le bloc opératoire pour faciliter le transfert du patient en salle opératoire. Son fonctionnement s’effectue par un système électromécanique ou électrohydraulique. Les colonnes mobiles de table d’opération ont une autonomie relative et doivent nécessairement être branchées au secteur en fin de programme ou toutes les 24 heures afin d’en assurer l’alimentation en énergie électrique dans le but de recharger les batteries. Elles peuvent aussi fonctionner directement sur secteur. Les colonnes fixes sont raccordées en permanence à l’alimentation du réseau externe.

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Crédit : medicalexpo.fr

Il est possible de commander les différentes inclinaisons de la colonne directement sur celui-ci depuis son clavier ou à partir d’une télécommande filaire ou sans fil. L’IBODE doit veiller à conserver en permanence la colonne de table et la télécommande en état de marche et chargées pour qu’elles soient prêtes à l’emploi.

On peut également mobiliser le plateau pour faciliter l’installation chirurgicale ou au cours de l’intervention pour faciliter le geste opératoire et l’anesthésie :

  • Inclinaison longitudinale (déclive/Trendelenburg ou proclive/anti-Trendelenburg),
  • Inclinaison transversale droite et gauche (mouvement latéral),
  • Mouvement de translation,
  • Lever la section du dossier ou des jambes,
  • Montée et descente.

 

Une des composantes principales de la table opératoire est le plateau.

  • Le plateau de chirurgie

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Crédit : system-med.fr

Il est différent et modulable en fonction de la spécialité mais aussi du type de chirurgie. Comme par exemples, plateau spécifique en Orthopédie pour la chirurgie de l’épaule, en Traumatologie pour l’enclouage centromédullaire du fémur et du tibia, en Cardio-vasculaire avec un plateau radio transparent pour la chirurgie endovasculaire. Il doit posséder les qualités d’extensibilité et flexibilité pour les chirurgies pratiquées dans le bloc opératoire dans lequel il est utilisé.

Il peut être uni ou multi sections. Le plateau universel multi sections se compose des sections :

  • Tête,
  • Dossier,
  • Siège,
  • Et jambe.

 

Sur certains plateaux les segments peuvent être motorisés permettant leur mobilité. Il est possible d’ajouter des segments en fonction des besoins liés à la chirurgie comme par exemple un segment spécifique à la chirurgie de l’épaule.

Les segments sont composés de coussins pouvant être en mousse viscoélastique à mémoire de forme ou en polyuréthane. Ils sont imperméables, antistatique et peuvent être désinfectés et lavés. Ils sont fixés au plateau par des velcros ou des boutons convexes. Ils sont exempts de latex. Cette mousse repose sur une couche de haute dureté. Il est important de ne pas mettre d’interface entre les coussins et le patient comme un drap ou une alèse. Ceci est pourtant d'usage pour des raisons d’entretien et de confort. Le patient doit reposer directement sur le matelas sous peine d’atténuer son action dans l’objectif de prévenir les troubles trophiques comme les escarres ou les ulcères de pression de décubitus par redistribution de celles-ci et diminution des cisaillements. Les plis du drap positionné sous le patient peuvent entraîner des troubles cutanées. Un moyen efficace pour augmenter le confort du patient est d'utiliser une couverture chauffante sous celui-ci plutôt qu'un drap.

Si la dureté des segments est importante ou le patient de faible gabarit, il est judicieux de positionner un matelas en gel par-dessus pour prévenir ce risque.

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Crédit : maquet.com

Les mouvements spécifiques du plateau sont :

  • Inclinaison de la têtière, du dossier notamment pour les chirurgies céphaliques,
  • Elévation du plateau ou abaissement,
  • Des jambes pour les spécialités digestives et gynécologiques entre autres,
  • Translation longitudinale coté pieds ou tête pour la chirurgie hybride, endovasculaire et traumatologique qui utilisent des rayonnements ionisants en cours d’intervention,
  • Mouvement du billot (translation/élévation) pour la chirurgie thoracique et cardiaque par exemple.
  • Inclinaison latérale vers la gauche ou la droite,
  • Fonction Trendelenburg et anti-Trendelenburg permet d’incliner le plateau vers le coté pieds ou tête dans son axe transversal.
  • Position reflex (assise et élévation des jambes) pour la chirurgie des membres supérieurs
  • Position flex (proclive et abaissement des jambes) pour la chirurgie thoracique,
  • Position neutre ou mise à zéro du plateau.

 

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Le plateau peut posséder la caractéristique d’être radio transparent, dans son intégralité ou en partie, en cas d’utilisation prolongée en peropératoire d’un amplificateur de brillance en particulier pour la chirurgie interventionnelle et les salles hybrides.

Le plateau peut être mobilisé pour le bionettoyage ou le transfert de patient hors de la salle opératoire grâce à un chariot de transport.

 

  • Le chariot de transport

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Il permet de déplacer la table opératoire hors de la salle afin d’éviter que des éléments extérieurs comme le lit du patient ne rentre dans un souci d’asepsie.  Il facilite le transfert du patient et peut aussi permettre la mobilisation du plateau en cas de besoin urgent par l’intermédiaire de la poignée rouge comme indiqué sur la photo pour cet exemple.

L’installation du patient pour la chirurgie est cruciale et tout aussi importante que le geste opératoire. Un patient bien installé est un patient qui sera opéré dans des conditions optimales.

Pour compléter le plateau, il vient s’ajouter des accessoires tels que les appuis et les géloses de protection afin d’assurer sécurité et confort au patient durant l’opération.

 

  • Les accessoires

Les différents appuis

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 Crédits : medicalexpo.fr

Dispositifs indispensables à l’installation chirurgicale et au confort du patient, ils permettent de respecter la position physiologique du corps et des membres tout en facilitant l’exposition de la zone opératoire. Ils sont fixés sur le plateau par des clameaux sur les rails latéraux.

Appuis bras, têtières à pointe (Mayfield) ou en fer à cheval pour la neurochirurgie et la chirurgie maxillo-faciale, appui pubien et sacré pour la chirurgie orthopédique, appui bras articulé pour celle de l’épaule, appui gynécologique (jambière) pour la chirurgie digestive et gynécologique.  Cette liste non exhaustive montre la diversité des appuis nécessaires en fonction du type de chirurgie et des habitudes du chirurgien pouvant s’adapter à chaque table opératoire. Il est important d’en connaître la présence, l’utilisation et les risques.

Ces risques sont la conséquence d’un mauvais positionnement du patient pouvant conduire à un étirement ou une compression des nerfs et vaisseaux pouvant conduire à une paralysie postopératoire.

 

Les géloses de protection et matelas en gel

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Crédit  : anniebauerconfort.com

Il existe une multitude de géloses disponibles sur le marché. Leur action est d’apporter confort et protection. En effet, le contact prolongé entre les saillies osseuses du corps humain et un plan dur comme la table opératoire et ses accessoires peut entraîner des troubles trophiques à type d’escarres. Il est primordial de vérifier tous les points d’appuis à chaque installation et à la fin de toute intervention. Aucun élément ne droit positionné entre les géloses et le patient sous peine d’annuler leurs efficacités.

Les accessoires et les géloses doivent être entreposés et stockés dans le SAS d’entrée de la salle opératoire prévu à cet effet sur un chariot roulant. Pour des raisons d’hygiène et d’ergonomie, le personnel soignant doit veiller à ne pas entreposer sur le sol tous les accessoires, même de façon temporaire. Ceci dans le but de favoriser la circulation de l’air à l’intérieur de la salle, d’éviter toutes souillures par des liquides biologiques en peropératoire et de faciliter le bionettoyage des surfaces et des sols.

Il faut aussi éviter de les ranger dans le couloir du bloc opératoire pour fluidifier la circulation du personnel et du matériel.

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  • Entretien et maintenance de la table opératoire

Les textes législatifs relatifs à la maintenance de la table opératoire sont le Décret de maintenance N°2001 du 5 décembre 2001 relatif à l’obligation de maintenance et au contrôle qualité des dispositifs médicaux et les recommandations dans les circulaires DH/EM I N°96-4459 et N° 98-1133. Source : cpias

La table opératoire fait partie de la zone centrale du bloc opératoire, la plus à risque en termes d’asepsie progressive. Elle requière un entretien rigoureux à l’ouverture de salle et entre chaque intervention.  Il est réalisé par les Aides-soignants (AS) sous la responsabilité de l’IBODE garant-e de l’hygiène au bloc opératoire. Le nettoyage de la table opératoire s’effectue en premier selon des protocoles établis par les équipes opérationnelles en hygiène de l’établissement et des recommandations de la Société Française en Hygiène Hospitalière (SF2H). Cette chronologie doit être respectée et fait référence au principe en matière d’hygiène du nettoyage partant du plus propre en allant vers le plus sale. La table se situant au plus près du site de la zone d’incision, elle appartient donc à la zone la plus propre de la salle opératoire. Elle doit aussi faire l’objet d’un bionettoyage approfondi en fin de programme, effectué par les AS ou les Agents d’Entretien selon les organisations, qui oblige à démonter chaque section pour pouvoir nettoyer et désinfecter minutieusement tous les éléments qui la composent.

Durant toute la prise en soin au bloc opératoire, il est important de réduire au maximum le risque de contamination croisée du patient par contact direct avec des micro-organismes susceptibles d’être présent sur la table opératoire.

Concernant la maintenance, elle est faite par le service technique du constructeur, des personnes agrées et formées (biomédical) à fréquence variable (minimum une fois par an) et en cas de problèmes. La traçabilité se fait un carnet d’équipement médical. La notice d’utilisation de la table opératoire doit être présente au bloc opératoire et accessible aux professionnels.

Chaque utilisateur doit recevoir une formation spécifique à son fonctionnement.

Le bionettoyage et la maintenance font l’objet d’une traçabilité.

 

  • Entretien des accessoires, géloses et matelas en gel

Vérifier l’intégrité de ces divers éléments à la fin et au début de chaque utilisation. Le bionettoyage réalisé par les Aides-soignants ou les Agents de Services selon les fiches de postes du service doit être minutieux en utilisant des produits détergents-désinfectants et en respectant le temps de séchage avant réutilisation.

 

  • Conclusion

En conclusion, nous rappelons que l’IBODE, par sa formation à la gestion des risques au bloc opératoire et par son expérience acquise sur le terrain, possède une expertise dans l’utilisation de la table opératoire et des risques potentiels. Ceci fait de ce ^professionnel un acteur incontournable et indispensable au bloc opératoire dans l’utilisation de la table opératoire.

Ce travail s’inscrit dans un processus de réflexion sur les pratiques professionnelles. Il faut pouvoir comprendre le fonctionnement d’un bloc opératoire pour en améliorer sa conception et son organisation dans un souci constant de qualité et sécurité des soins comme le souligne M.BREACK Patrick dans son livre intitulé « Comprendre et concevoir le bloc opératoire ».

 

A propos de l'auteur : Mr Chakir gère IBODE Infos, à retrouver sur Twitter : @IBODEInfos  et Facebook , Linkedin 

 

 

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