De nouveaux hôpitaux en réponse à l’affaire Idya

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De nouveaux hôpitaux en réponse à l’affaire Idya
Maroc
Le sourire de la petite Idya - Crédit : ledaily.ma

La petite Idya âgée de trois ans, originaire de Tinghir, est décédée mardi 11 avril 2017, à la suite d’une blessure à la tête et après avoir été renvoyée d'hôpital en hôpital. Elle a finalement succombé à ses blessures à l’hôpital de Fès. Cette affaire dramatique a bouleversé le Maroc. Plusieurs manifestations ont été organisées ce dimanche à travers le pays en hommage à l’enfant disparue.

En réponse à la colère et à l’indignation exprimée notamment sur les réseaux sociaux par des internautes dénonçant « l’état calamiteux des hôpitaux » et « la mauvaise gestion », le ministère de la Santé a réagi dans un long communiqué pour donner sa version des faits.

Celle-ci "dément que le scanner de l’hôpital d’Errachidia, où a été admise la fillette Idya Fakhreddine, était en panne", précisant que son transfert à l’hôpital Omar Idrissi de Fès où elle est décédée, "a été dicté par la nécessité d’approfondir le diagnostic".

Le ministère s’emploie surtout à faire étalage des projets en cours ou programmés pour l’évolution sanitaire de la région Draâ-Tafilalet. Ainsi, il est question, afin d’améliorer cette offre de santé régionale, qui est sous la responsabilité du Professeur El Ouardi depuis sa nomination à la tête du ministère de la santé en 2011:

  • De la réalisation future d’un hôpital d’une capacité de 120 lits, (selon le ministère, toutes les mesures ont été prises pour le lancement des travaux en septembre 2017, avec une durée maximale de deux ans et demi). Donc livraison attendue en mars 2020.
  • Du lancement des travaux d’extension du centre de santé de Boumalne-Dadès en vue de sa transformation en un hôpital pouvant accueillir 45 lits. La mise en service de cet hôpital est prévue en 2018.
  • De l’extension de l’hôpital régional d’Errachidia. Les travaux devront s'achever en mars 2018 pour permettre à la capacité d’accueil de passer de 243 à 371 lits, répartis sur les services d’hémodialyse, de chirurgie pédiatrique, d’oto-rhino-laryngologie, ainsi que de plusieurs micro-spécialités, pour un investissement global de 225 millions de dirhams.
  • De la réalisation d’un hôpital à Erfoud (83 lits), dont la fin des travaux est prévue au cours de l’année 2018.
  • De la réalisation d’un hôpital d'une capacité de 45 lits à Rissani, qui sera prêt en 2019.
  • De l’extension de l’hôpital Edderrak à Zagora, afin qu’il puisse accueillir 103 patients au lieu de 55. La fin des travaux est prévue à fin 2019.
  • De la fusion des hôpitaux Boughafer et Moulay Ali Cherif à Errachidia pour "rationaliser l’offre de santé", en plus de la construction (date non communiquée) d’un nouvel hôpital de spécialités d’une capacité de 145 lits.
  • De la mise en place prochaine d’un hôpital pouvant accueillir 45 patients dans la ville de Errich, outre d’autres projets d’infrastructures de santé.

Le communiqué rappelle la construction d’un nouvel hôpital à Kelaat-M'Gouna, de  45 lits opérationnel depuis fin 2016.

Voilà donc pour les infrastructures…et "Compte tenu de l’importance qu’accorde le ministère à cette région dans ces plans et programmes, il veillera à y affecter des cadres de santé autant que possible", conclut le Ministère, pour démontrer sa tragédie.

Ces annonces suffiront-t-elles à calmer la colère des citoyens marocains qui continuent de s’exprimer sur les ondes ou dans les  medias, dans des termes explicites ?

"Beaucoup de Marocains ne supportent plus cet apartheid sanitaire, où un système de santé en matière d'urgence n'est pas efficace pour tout le monde, surtout s'ils s'aventurent dans les montagnes et les contrées lointaines de ce beau pays"..."Quand on respecte nos semblables, on leur souhaite ce qu'on a, on fait en sorte que les urgences et les soins soient de qualité quelles que soient leurs conditions." Dr. ZouhairLahna Médecin humanitaire marocain.

Il est incontestable que le pays se dote d’infrastructures nouvelles, de préférence dans les zones très peuplées des villes, moins dans les régions reculées. Mais cela ne suffit pas et le véritable problème reste de trouver pour ces régions, les professionnels compétents qui feront vivre ces structures au quotidien en assurant le service médical auquel toute la population a droit. Les nombreuses réactions face à ce drame, qui en rappelle d’autres, montrent que cette population est profondément insatisfaite et qu’elle attend davantage qu’une litanie d’annonces pour des hôpitaux, finalement sous-utilisés faute de soignants. Le chantier de la formation initiale, de la formation continue des soignants et des médecins est moins spectaculaire que celui des multiples bâtiments à construire, il est pourtant considérable compte tenu des lacunes que révèlent les drames successifs qui émaillent l’actualité.