La Guadeloupe ne retrouvera pas son CHU avant au moins un an

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La Guadeloupe ne retrouvera pas son CHU avant au moins un an
DOM-TOM
Crédit : CHU Guadeloupe

C'était le 28 novembre 2017:  le CHU de la Guadeloupe partait partiellement en fumée : la maternité, les urgences, la réanimation et quatre blocs opératoires sont détruits, 1.200 personnes sont évacuées, dont 450 patients hospitalisés. Le feu est parti d'un local technique, près des urgences.

Selon un rapport d'expertise judiciaire, le sinistre serait d'origine humaine, dû à "un mégot", a précisé Xavier Bonhomme, procureur de la République de Pointe-à-Pitre. Les investigations se poursuivent. Pendant ce temps les Guadeloupéens, qui devaient déjà faire avec un hôpital vétuste datant des années 1970, se débrouillent sans. "Il ne faut pas tomber malade, on n'a plus d'hôpital !", a confié à l'AFP une pharmacienne de Sainte-Anne.

Un hôpital de campagne a été installé pendant deux mois. Au lieu du remplacement par un nouvel établissement "d'ici cinq ans", qui était prévu, le CHU fait aujourd'hui l'objet de travaux de remise en état en urgence. Entre le matériel brûlé, la suie, les travaux, "plus de 50 millions d'euros" devraient s'avérer nécessaires selon Pierre Thépot, le directeur du CHU.

L'établissement qui était en déficit est soutenu par des "aides exceptionnelles" chaque mois : Il a ainsi déjà bénéficié de "20 millions d'euros", pour régler les entreprises de transport, de nettoyage, et les loyers des sites d'accueil de substitution. Car depuis l'incendie, plusieurs services sont délocalisés. Si les urgences médicales peuvent être traitées au CHU, en partie sous des tentes, les urgences chirurgicales sont traitées dans la clinique privée Les Eaux Claires, à Baie-Mahault. Tandis que la polyclinique des Abymes accueille les services maternité et chirurgie gynécologique

Depuis janvier, plusieurs services ont peu à peu réinvesti les bâtiments du CHU, mais l'offre de soins demeure restreinte. La chirurgie étant impossible, les patients ne viennent que pour le suivi post-opératoire. "L'urgence c'est de récupérer nos blocs", a confié Pierre Thépot à l'AFP, même si le CHU ne retrouvera pas sa capacité initiale : sur 12 blocs opératoires, seuls 7 devraient être remis en service, parmi lesquels 2 blocs mobiles, à l'extérieur du CHU.

Le service de réanimation néonatale, un temps transféré au Centre Hospitalier de la Basse-Terre, est de retour à Pointe-à-Pitre depuis février. Les activités de chirurgie et urgences pédiatriques ont repris.

Mais depuis plusieurs jours, une partie du personnel se plaint de malaises. Un collectif de défense du CHU demande la "délocalisation externe et totale" le temps de "réhabiliter" ce "bâtiment malsain", selon le docteur Mona Hedreville, porte-parole du collectif. La direction, de son côté, demeure "persuadée que le plan de nettoyage en site occupé est la meilleure solution". La tension monte, les arrêts maladie de médecins se succèdent et lors de sa visite en Guadeloupe début mars, Annick Girardin, ministre des Outre-Mer, suspend la décision de la direction - tout en annulant sa visite du site. Le conseil de surveillance du CHU demande quelques jours plus tard une délocalisation partielle externe. Vendredi, cette orientation a été suivie par l'Agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe.

Il s'agit, pour Jean Claude Lucina, directeur général adjoint de l'ARS, d'une délocalisation "en plusieurs phases", mais avec la volonté de conserver sur le site du CHU "le plateau technique" (urgences, laboratoire, imagerie et réanimation), "sinon on met la population en danger".

Selon lui, "on va avoir pendant pratiquement une année des travaux de nettoyage, de remise en état", avant de réintégrer le CHU. Une solution qui ne convient pas au collectif de défense représenté par le syndicat UGTG et le collectif de défense.2.0.

N.B HOSPIHUB : L' Appel d’offres ouvert, de niveau européen, concernant les marchés de construction du nouveau CHU de la Guadeloupe a été publié lors de la première semaine d'octobre 2017, pour  la construction, les fluides, les équipements, les espaces extérieurs et les finitions. Les travaux ont été lancés en juin 2016 avec les travaux de terrassements généraux et de préparation du paysage, qui ont été confiés à des entreprises guadeloupéennes.