Beaucoup de termes utilisés par les concepteurs des systèmes d’information de santé, restent assez obscurs pour toute une partie des autres acteurs qui évoluent autour de l’hôpital. Il en va ainsi par exemple de » l’interopérabilité des Systèmes d’Information de santé « .
Il nous parait intéressant d’en parler, dans la mesure où certaines de ces solutions doivent faire l’objet d’une réflexion en amont d’un projet hospitalier, qu’il s’agisse de création d’un établissement, de restructuration, ou de regroupement.
Un article paru sur le portail esante.gouv.fr nous éclaire très précisément :
« L’interopérabilité : la clé de voûte de la e-santé »
Partager des documents dématérialisés entre professionnels de santé pour suivre un patient c’est bien, pouvoir lire ces documents sans problème sur son ordinateur, c’est mieux. C’est précisément l’objet de l’interopérabilité des systèmes d’information de santé. Ce travail colossal, mais essentiel pour rendre possible la e-santé est pourtant mal connu. Explications.
L’interopérabilité c’est quoi ?
L’interopérabilité est la capacité que possède un produit ou un système informatique à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes existants ou futurs. C’est en d’autres mots, la possibilité qu’ont des systèmes à fonctionner ensemble, à « communiquer » entre eux.
Pour permettre cette communication, il est donc nécessaire d’utiliser un langage commun. Rendre des systèmes interopérables c’est en résumé leur permettre de parler un langage commun pour travailler ensemble.
A quoi ça sert ?
Dans le domaine de la e-santé, la faculté d’échanger des données est fondamentale, puisqu’elle conditionne la bonne coordination des soins et le suivi des patients. En effet, tous les professionnels n’utilisent pas les mêmes logiciels. Il existe de nombreuses variantes suivant la spécialité, la marque du logiciel, la plateforme (Mac ou PC) …etc. Pour suivre un patient correctement, les documents de suivi doivent être consultables avec tous ces logiciels sans que le contenu en soit altéré.
Les ingénieurs et experts de l’interopérabilité travaillent essentiellement sur deux aspects :
L’interopérabilité sémantique : il s’agit de se mettre d’accord sur les mots qui caractérisent une activité donnée. Le but est de définir le vocabulaire commun qui sera employé dans les logiciels de santé pour nommer telle ou telle maladie.
L’interopérabilité sémantique permet également par exemple de faire correspondre, via des tables et des nomenclatures, la dénomination anglaise d’une maladie avec son équivalent en français.
L’interopérabilité technique : c’est le fait de définir des formats informatiques communs afin de pouvoir interconnecter les différents logiciels du marché et échanger des données. Autrement dit, c’est par exemple ce qui permet à un formulaire conçu par un médecin utilisant un certain logiciel, de s’afficher correctement sur un autre logiciel, chez un autre médecin.
Comment ça marche ?
Cela implique que les concepteurs de logiciels et d’une manière générale tous les gens qui travaillent sur un projet informatique se mettent d’accord au préalable sur des normes et des formats communs.
C’est le rôle des organismes de normalisation et de standardisation. Pour la e-santé, l’organisme de référence est IHE International, (Integrating the Healthcare Enterprise International). L’ASIP Santé travaille de manière continue avec IHE International à la définition de « profils » de standards IHE qui facilitent la dématérialisation, l’échange et le partage de données de santé.
Afin de tester en situation le bon fonctionnement des logiciels, et leur capacité à être interopérables grâce aux standards IHE, les différents éditeurs (fournisseurs) de logiciels se donnent rendez-vous lors de grands événements mondiaux, les Connectathons. Ces grandes sessions annuelles de tests sont les plus importantes du monde de la e-santé, puisqu’elles réunissent jusqu’à 500 ingénieurs pour faire 3500 tests sur 4 ou 5 jours.
Le cadre d’Interopérabilité des Systèmes d’Information de Santé (CI-SIS)
Au niveau national, l’une des premières missions l’ASIP Santé a été de concevoir puis de publier le « Cadre d’interopérabilité des systèmes d’information de santé » (CI-SIS). Il s’agit d’un référentiel d’interopérabilité qui compile des principes et standards à respecter pour échanger des données de santé en toute sécurité. Il est mis à disposition de tous les acteurs de la e-santé (collectivités, porteurs de projets du monde médical, éditeurs de logiciels santé…) et est téléchargeable sur le site de l’ASIP Santé.
Ce document définit un « espace de confiance », basé sur l’authentification des professionnels (grâce notamment à la carte CPS) et la possibilité de tracer leurs actions électroniques.
Cela représente un travail de mise en cohérence colossal et qui doit faire face à de nombreux obstacles : préservation du secret industriel, concurrence entre éditeurs, intérêts économiques divergents, coordination difficile… Un travail essentiel mais qui prend du temps. »
Le développement de la e-santé représente un enjeu majeur en Europe. Les premiers congrès qui lui sont consacrés en Afrique se font de plus en plus nombreux : en Octobre 2016, aura lieu la seconde édition de l’Atelier régional Numérique Santé.
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